L’école est souvent le lieu d’expression de toutes les émotions des enfants. La joie et la fierté, mais aussi la tristesse ou la frustration. Récemment, plusieurs enfants ont exprimé leur tristesse à propos de parents qui ne vivent pas à leurs côtés actuellement au Sénégal. La parentalité est déjà un défi permanent en soi, car on ne naît pas parent, on le devient. Un certain nombre de parents de nos écoles sont séparés, pour de plus ou moins longues périodes, à cause de leur profession. C’est un déchirement autant pour les adultes, que pour les enfants. Cette distance géographique amène à une distance émotionnelle, qui met à mal la parentalité ; du parent qui fait les allers-retours ET du parent qui reste. Les enfants ont du mal à gérer cette double peine : maman et papa sont tristes et je suis triste. “Maman, papa, vous me manquez !” Une petite fille en larmes lors de la séance de méditation quotidienne nous a dit : “Mon papa est obligé de travailler loin tout le temps et je suis triste pour lui, c’est pour ça que je pleure.” C’est à la fois tellement magnifique, cette empathie dont les enfants savent faire preuve, et à la fois tellement “submergeant” pour eux. Un vrai raz-de-marée émotionnel ! Alors bien sûr, dans cette situation particulière pour laquelle il n’y a pas de mode d’emploi, communiquer et maintenir le contact, c’est l’évidence même ! Mais au quotidien, est-ce si simple ? La charge du parent présent est d’autant plus complexe, qu’il doit veiller à ce que les liens distants soient maintenus, en plus de nourrir sa propre relation avec ses enfants, s’occuper de la maison, vérifier les devoirs, assurer au travail ou gérer son entreprise, jouer le parent/taxi… Accueillir les émotions des enfants et les aider à les gérer ? Ok ! Mais comment faire ? Dans quel espace-temps ? En tant que parent et éducateur, nous nous posons tous la question, car nous savons que c’est un processus absolument nécessaire pour que nos enfants soient apaisés et épanouis. Que pouvons-nous en faire en tant que parent dans cette situation ? Pour commencer : cessez de culpabiliser ! Vous n’avez pas à vous sentir mal à propos des circonstances ou de vos conditions de vie, à cause de ce que ressentent vos enfants. Il n’y a pas de circonstances parfaites. Si l’on permet aux enfants d’exprimer et de gérer leurs émotions de manière positive, alors ils peuvent se montrer incroyablement résistants et résilients. Le manque est une émotion humaine nécessaire et normale, mais pas pour les enfants, cette émotion peut devenir dévorante et s’accompagner d’anxiété, car ils n’ont pas la maturité suffisante pour y faire face. Ils sont au stade du questionnement : Reverrais-je un jour mon parent ? Pourquoi ne puis-je pas voir mon parent ? Pourquoi tous les autres ont-ils leurs deux parents qui vivent avec eux et pas moi ? À ces questions se mêlent un sentiment de colère et parfois même de honte, qui rejaillit sur le parent présent. Notre objectif n’est pas de remplacer cette émotion, ni de demander aux enfants de ne pas la ressentir, mais plutôt de les soutenir dans l’apprentissage de la gestion de cette émotion. Trois activités pour aider les enfants à gérer le manque 1 – Le parent non présent peut participer à la vie scolaire quotidienne des enfants. Aux Chrysalides et aux Playlabs, tous les parents peuvent rejoindre nos groupes Whatsapp, nous suivre sur Instagram ou être en contact direct avec les enseignants via Storypark ou Edumoov. En quoi cela aide-t-il les enfants ? En donnant aux parents non présents l’occasion de participer à la vie de leurs enfants, de les questionner, de commenter et de partager directement sur leurs activités scolaires. 2 – Créez un rituel régulier avec le parent non présent. Les enfants peuvent prévoir de le faire tous les mercredis, ou tous les soirs avant d’aller se coucher, de parler ou d’envoyer par vidéo Whatsapp ou Imessage, des blagues, des photos drôles, ou même un chapitre de livre qu’il aime. En quoi cela aide-t-il les enfants ? Les rituels aident les enfants à s’adapter à de nouvelles circonstances, en leur donnant de nouveaux repères, pour faire évoluer leurs attentes, et en les rassurant sur leur pouvoir d’agir dans des situations où ils pourraient se sentir impuissants. Par exemple : nous partageons toujours une blague, nous parlerons toujours avant de nous coucher, tous les samedis matin nous regarderons ensemble un programme sur Netflix, etc. 3 – Écrire ou dessiner pour communiquer Aidez vos enfants, quotidiennement si possible, à écrire ou dessiner une carte, une lettre ou une image à leur parent avec lequel ils ne vivent pas. Cette même idée peut être réalisée avec un journal vidéo. En quoi cela aide-t-il les enfants ? Le dessin et/ou l’écriture permettent aux enfants d’explorer leurs émotions complexes, liées à la disparition d’un parent et/ou d’un membre de la famille proche, sans pour autant être jugés. Ces propositions ne sont pas exhaustives, n’hésitez pas à faire confiance à vos ressentis et à votre créativité. Personne ne peut comprendre votre enfant mieux que vous, soyez-en persuadé. Le cadre intime et bienveillant de la famille est votre meilleur atout pour surmonter l’épreuve de la distance ensemble.